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La philosophie de la vie. La vie des soins palliatifs.

Vivre est-ce si simple? La vie est fragile, lorsque la maladie est là, l'écriture, la parole et l'amitié donnent sens...

Qu'en pensez-vous /// L'affaire Vincent Lambert

Quand  La vie dépend du maintien en vie en service de réanimation, les décisions d'arrêt d'alimentation sont cruciales et soulèvent des réactions divergentes et conflictuelles autant dans les familles que parfois au sein des équipes de soins....Quand la vie ne mérite-t-elle plus d'être soutenue. Ou placer la frontière entre le raisonnable et le déraisonnable?

Que pensez-vous de l'affaire Lambert? Il est déjà si difficile d'y répondre... Se projeter dans la situation même ou projeter l'un de ses proches pour comprendre et percevoir de l'intérieur les émotions qui peuvent émerger...


Ou tenter d'écouter les avis contraires pour comprendre chaque personne individuellement et ensuite analyser...


Ce cas est médiatisé, d'autres peuvent s'en approcher tout en étant à chaque fois singulier.

 

 

 

http://www.lemonde.fr/sante/article/2014/02/06/affaire-vincent-lambert-une-famille-dechiree-devant-le-conseil-d-etat_4361815_1651302.html

 

Affaire Vincent Lambert : une famille déchirée devant le Conseil d'Etat

Le Monde.fr | 06.02.2014 à 19h43 • Mis à jour le 07.02.2014 à 11h55 | Par François Béguin  et Laetitia Clavreul


 

 

François Lambert et le docteur Eric Kariger, dans la cour du Conseil d'Etat, jeudi 6 février.

 

Le Conseil d'Etat n'avait pas connu une telle affluence depuis l'affaire Dieudonné. Bien avant le début de l'audience publique, jeudi 6 février, les chaînes d'information en continu avaient planté leurs caméras devant l'entrée du bâtiment, traquant les membres de la famille de Vincent Lambert, déchirée sur le sort de cet homme de 38 ans en état de conscience minimale depuis un accident de la route il y a cinq ans.

Lire nos explications Comprendre l'affaire Vincent Lambert en dix questions

La haute juridiction administrative était appelée à se prononcer sur l'ordonnance prise le 16 janvier par le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne de suspendre l'exécution de la décision du CHU de Reims de cesser l'alimentation et l'hydratation artificielles de Vincent Lambert. Son épouse, qui avait donné son accord à cette décision médicale, son neveu François, et finalement le CHU de Reims avaient déposé un recours en fin de semaine dernière.

Dans la prestigieuse salle du contentieux, les deux camps se font face, séparés par le président de cette section, Bernard Stirn. Accompagnés de leur avocate, les parents de Vincent Lambert, qui avaient saisi le tribunal administratif pour s'opposer à l'arrêt des traitements, sont assis face à leur belle-fille, le visage marqué, et du docteur Kariger, le médecin du CHU de Reims qui a pris la décision de fin de vie. A leurs côtés, les représentants de l'Union nationale des associations et familles de traumatisés crâniens et cérébrolésés (UNAFTC), invitée surprise de cette procédure d'appel, venus expliquer qu'« un traumatisé crânien n'est pas en fin de vie », et qu'« une fois leur situation stabilisée, ces personnes peuvent vivre longtemps, voire très longtemps ».

Leur présence résume à elle seule l'une des principales différences d'interprétation : est-il question d'un cas singulier ou d'un cas emblématique dont l'impact rejaillira sur les 1 500 patients français qui, comme lui, sont en état dit « pauci-relationnel » ? D'autres questions s'ajoutent, au fur et à mesure des prises de parole, qui relèvent d'un désaccord profond entre deux camps, et laissent percevoir des visions antagonistes de ce que doit être la vie. Vincent Lambert est-il atteint d'une maladie incurable ou souffre-t-il d'un handicap ? Sa nutrition par sonde gastrique est-elle un traitement médical ou une simple façon de s'alimenter ? Ses volontés de ne pas subir d'acharnement thérapeutique, exprimées avant son accident auprès de son épouse et de son frère, peuvent-elles être prises en compte ? Les juges ont-ils à décider du sort d'un homme à la place des médecins ?

« TOUS LES PROTOCOLES ONT ÉTÉ RESPECTÉS »

A chacun ses arguments. « Ce n'est pas un débat juridique, c'est un débat humain qui pose des problèmes d'ordre médical, souligne Me Bruno Odent, l'avocat de Rachel Lambert, l'épouse. Le juge n'a rien à voir là-dedans. » Dans la bouche de l'avocate du neveu du patient, François Lambert, les mots se font très durs sur la décision de Châlons-en-Champagne : « Le tribunal administratif a refusé de prendre en compte la volonté exprimée par Vincent Lambert pour des motifs incompréhensibles », déclare Me Madeleine Munier-Apaire. « Le tribunal administratif a réécrit la loi », assène-t-elle, jugeant que dans cette procédure de fin de vie, « tous les garde-fous, tous les protocoles ont été respectés ». Pour elle, « les juges se sont fait médecins et même législateurs » mais n'ont pourtant « aucune compétence ni légitimité pour se prononcer » sur une décision médicale.

En face, la volonté est à l'élargissement du débat. Pour Me Claire Le Bret Desaché, l'avocate des parents, le dossier pose « des questions éthiques et philosophiques ». « Comment, dans le doute, ne pas donner préférence à la vie ? », demande-t-elle, avant d'énumérer les raisons qui devraient, selon elle, pousser le Conseil d'Etat à valider la décision du tribunal administratif, comme l'état du patient (« pas en fin de vie », mais « gravement handicapé »), ou sa volonté (« personne n'est en mesure d'interpréter avec certitude ses souhaits actuels »). Dans ce dossier, « le consensus médical exigé par les textes fait défaut », tout comme « le consensus familial », poursuit-elle. « Il ne me semblait pas que dans la loi Leonetti, il fallait un consensus », lui répondra, une fois qu'il aura la parole, le Dr Kariger.

« TRÈS GRANDE DIFFICULTÉ » DES QUESTIONS POSÉES

Car l'audience a été l'occasion de ne pas donner la parole qu'aux seuls avocats, et d'établir le dialogue, ce dont le président Stirn s'est félicité. C'est cependant surtout la détresse d'une famille épuisée que ses membres ont laissé entrevoir. « On parle de l'affaire Lambert, il serait plus honorable de parler d'un homme », a lâché son épouse, venue défendre les « convictions » de son mari. « A Noël, on lui a demandé s'il était content, il a fermé intensément les yeux », a raconté pour sa part sa mère, laissant entendre qu'une relation est possible quand les médecins du patient affirment le contraire.

Devant « la très grande difficulté » des questions posées par ce dossier, d'ordre juridique, mais aussi déontologique, éthique et humain, le président Stirn a conclu en excluant « qu'elles puissent être tranchées par un juge unique ».

La décision sera finalement prise par l'assemblée du contentieux, la plus élevée des formations de jugement du Conseil d'État, lors d'une audience publique qui se tiendra jeudi 13 février, a annoncé le Conseil d'Etat vendredi 7 février.

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